La réalisation de la transition énergétique nécessitera de nombreux nouveaux projets et d'importants investissements institutionnels dans le monde entier. Si nous voulons maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 degré, il faudra investir environ 32 000 milliards de dollars dans des projets de décarbonisation efficaces jusqu'en 2031, dont 70 % doivent provenir d'investisseurs privés tels que les participants aux régimes de retraite.

Les plus grands fonds de pension néerlandais (qui représentent ensemble 900 milliards d'euros) soutiennent la transition énergétique comme jamais auparavant. Dans une lettre ferme adressée au gouvernement, des fonds de pension comme ABP, PFZW, PMT, BpfBouw et PME exigent "d’ambitieuses et fiables politiques gouvernementales, et davantage d'options de financement public-privé ainsi qu’une institution nationale d'investissement à part entière".

Les gestionnaires de fonds de pension savent que le fait de ne pas moderniser les réseaux électriques et de continuer à investir dans les combustibles fossiles peuvent influencer le montant des pensions futures. D'une part, il y a les risques physiques du changement climatique, tels que les inondations et les sécheresses. Mais il y a aussi les risques de transition, par exemple la tarification des émissions de CO2 et les nouvelles réglementations qui pèsent sur la rentabilité des entreprises polluantes.

Le nombre de litiges climatiques a doublé en Europe depuis 2017, avec environ 2 500 affaires actuellement entendues par les juges. En avril de cette année, par exemple, 2 000 Suissesses ont déposé avec succès un dossier climatique contre leur gouvernement. Et bien sûr, chaque procès (de plus en plus souvent intenté par des mineurs) entraîne des dommages importants en termes de réputation.

Les fonds de pension limitent les risques

Si nous ne relevons pas ces défis environnementaux et sociaux, les travailleurs d'aujourd'hui ne disposeront pas de logements habitables ni de pensions performantes au moment où ils partiront à la retraite.

C'est pourquoi le plus grand fonds de pension d'Europe, ABP, a récemment imposé des normes minimales plus strictes, ainsi qu'une plus grande attention à l'atténuation des risques liés au climat et à la biodiversité : aujourd'hui, les entreprises "sans perspective réaliste d'amélioration n'ont pas leur place dans le portefeuille d'actions d'ABP".

De même, après un processus d'engagement de deux ans, le Pensioenfonds Zorg en Welzijn (PFZW) a déjà désinvesti 98 % de ses avoirs pétroliers et gaziers, ce qui représente plus de 300 entreprises liées aux énergies fossiles. Les principaux investisseurs institutionnels veulent investir dans des solutions d'avenir.

Financer l'innovation climatique

Les investisseurs institutionnels sont bien conscients que la décarbonisation est vitale pour la société. "Une économie résiliente a besoin d'un réseau énergétique fiable et d'une transition vers les sources d'énergie renouvelables", ont déclaré les fonds de pension néerlandais dans leur lettre de mars 2024.

Comment y parvenir ? Comment passer d'un système établi à un système qui reste à créer ?

Les grands investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension ont besoin de soutien pour y parvenir. Ils aspirent à davantage de possibilités de financement pour les projets de transition énergétique, structurés autour des besoins à long terme de leurs bénéficiaires. Désormais, il est urgent de collaborer avec les acteurs les plus expérimentés du secteur financier.

Des investissements modérés pour de grandes transformations

Pour financer la transition énergétique, les fonds de pension doivent repenser leurs opérations. En raison des exigences de rentabilité et de gestion opérationnelle, les gestionnaires de fonds de pension ont généralement besoin d’importants investissements d'au moins 250 millions d'euros. Or, la véritable innovation de la transition énergétique commence par des projets plus modestes. Ces solutions innovantes en matière d'énergie propre ont besoin de financement pour pouvoir se développer. Les investisseurs institutionnels peuvent jouer un rôle d'accélérateur à cet égard.

Heureusement, nous avons récemment vu apparaître des montants d’investissement de 50 à 100 millions d'euros pour le développement de projets, par exemple dans le domaine de la biodiversité. Les montants sont peut-être plus modestes, mais les fonds de pension reconnaissent également qu'ils doivent être beaucoup plus élevés. Pour atteindre les objectifs de Paris, on estime que 16 000 milliards de dollars doivent être investis dans la seule décarbonisation de la production d'électricité d'ici 2030.

Les gestionnaires de pension prennent également les devants en s'engageant à financer un large éventail de projets sociaux et environnementaux. Ainsi, ABP, investit 30 milliards d'euros jusqu'en 2030 dans les énergies renouvelables, le logement à loyer modéré et l'innovation climatique. Sur cette somme, au moins 10 milliards d'euros devraient être consacrés à des solutions locales aux Pays-Bas.

Il est encourageant de voir des acteurs majeurs utiliser leurs compétences et leur influence pour orienter le secteur dans la bonne direction. Nos choix d'aujourd'hui déterminent véritablement la planète et la société de demain.